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Appels

 

Revue en ligne ARGOTICA, No 1(8)/2019
 

ISSN : 2343–7200

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​« L’Argot carcéral »

 

 

« La prison génère son propre argot qui recouvre des réalités qui lui sont spécifiques : ce sont les invariants carcéraux, qui ne s’utilisent que là, dans ce monde clos et très hiérarchisé. Elle est aussi lieu de rencontre entre les argots des différents milieux : argot des braqueurs, des proxénètes, de la drogue, etc., lieu de rencontre entre les délinquants de différentes régions. »

Magdolna Mátételki Holló (École des officiers de police de Budapest)

 

 

La prison, appelée en argot ballon, cabane, calèche, (en) chtar, ferme (du), gnouf, hèbs, mitard, placard, tarmi, taule, zompri/zonpri, zonze/zonzon, impose l’emploi d’un langage crypté, spécifique, propre aux détenus vivant dans un espace clos, et contraints à un régime d’isolement. Tous ceux qui ont un casier chargé (une facture de garagiste), qui se présentent devant un allumeur (un juge) et qui s’affalent (avouent) avant de se retrouver béton (incarcérés) ou plongés (mis en prison), se servent d’un instrument de communication secondaire, parasitaire, pour transmettre des messages aux autres taulards (détenus). Cette langue secrète, issue du verlan, mâtiné de largonji et de javanais, mais basée aussi sur des mots communs, dont le sens est détourné, est caractérisée par un certain dynamisme créatif.

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Fluide, éphémère et volatile, l’argot est soumis à une évolution dans l’espace et dans le temps, qui intéresse en égale mesure les linguistes, les traducteurs et les anthropologues culturels. Cru, imagé et même cocasse, certains termes argotiques se retrouvent dans plusieurs langues, surtout s’ils ont une origine gitane. Les ressemblances et les analogies sont dues à un mode de vie similaire et reflètent les conditions et les pratiques des prisons, exprimant en même temps la mentalité du monde clos des hors-la-loi, ces marginaux qui utilisent des sociolectes fondés sur des codes, des réalités et des circonstances propres au cadre pénitentiaire.

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L’argot carcéral exploite à fond les tropes (métaphore, synecdoque, métonymie, séries synonymiques, extension et détournement du sens, etc.) et les procédés lexicaux (emprunt, dérivation, composition, troncation, etc.) ; c’est pourquoi il est souvent difficile de trancher si l’on se trouve devant une nouvelle création, une forme expressive ou un mot secret. Quant aux possibilités de transfert de l’argot carcéral d’une langue à l’autre, même les traducteurs chevronnés les considèrent comme un vrai défi : d’abord parce que l’on a du mal à trouver un bon équivalent pour toutes les occurrences, vu les différences culturelles qui existent entre les langues et ensuite parce que l’argot change vite. Avoir accès aux termes utilisés par chaque communauté carcérale et réaliser des corpus parallèles, des glossaires ou des dictionnaires n’est pas à la portée de tout le monde, puisqu’on a besoin d’un laisser-passer pour pénétrer dans les prisons et recueillir ces termes cryptés, ésotériques qui constituent le langage des carcéraux.  

 

Nous invitons donc les chercheurs intéressés par cette thématique à nous envoyer leurs contributions portant sur les axes suivants :

 

  • Création lexicale et sémantique de l’argot carcéral ;

  • Dynamique des termes argotiques utilisés dans les prisons ;

  • Circulation des termes argotiques similaires, ayant une origine commune ;

  • Romans policiers/twists et argot ;

  • Rap et argot carcéral ;

  • Argot carcéral en diachronie ;

  • Différences diatopiques des termes de l’argot carcéral ;

  • Traduction de l’argot carcéral.

 

Bibliographie sélective

 

« Un po’ di gergo carcerario ». Prospettiva legale. URL : <http://www.prospettivalegale.it/bacheca/ 97-il-gergo-carcerario-.html>.

 

Armand, Jean-Michel (2012). L’argot des prisons : Dictionnaire du jargon des taulards & matons du bagne à nos jours. Paris : Horay.

 

Bagault, Céline (2012). « Vivre en prison. Dossier ». Sciences Humaines, No 238, pp. 22-27.

 

Bălă, Ion (2011). « Noi provocări în gestionarea detenÈ›iei la începutul secolului XXI ». Revista de criminologie, de criminalistică È™i de penologie, Nr. 2.

 

Calvet, Louis-Jean (1993). L’argot en 20 leçons. Paris : Payot.

 

Calvet, Louis-Jean (1994). L’argot. Paris : Presses Universitaires de France.

 

Casadamont, Guy (1991). « Notes pour une sociologie du rapport surveillant(s) détenu(s) ». Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, No 5, pp. 58-66.

 

Chantraine, Gilles (2004). Par-delà les murs. Paris : Presses Universitaires de France.

 

Charaudeau, Patrick (2009). « Identité sociale et identité discursive. Un jeu de miroir fondateur de l’identité langagière ». In : Patrick

​Charaudeau (dir.), Identités sociales et discursives du sujet parlant, Paris, L’Harmattan.

 

Combessie, Philippe (2009). La sociologie de la prison. Paris : La Découverte.

 

D’Arienzo, Giuseppe (1972). « Note sul gergo carcerario e della malavita a Cagliari ». Annali della Facoltà di Lettere, Filosofia e Magistero, vol. 35. Cagliari.

 

De Charette, Laurence (2012). « Prison : le langage cru et fleuri des détenus passé au crible ». Le Figaro, 15.11.2012.

 

De Vito Christian G. (2008). Camosci e girachiavi. Storia del carcere in Italia. Bari : Laterza.

 

Devlin, Angela (1996). Prison Patter. A Dictionary of Prison Words and Slang. Winchester, UK : Waterside Press.

 

Digneffe, Françoise (1990). Acteur social et délinquance. Hommage à Christian Debuyste. Bruxelles : Pierre Mardaga.

 

Faugeron, Claude, Chauvanet, Antoinette, & Combessie, Philippe (1996). Approches de la prison. Bruxelles : DeBoeck, Coll. « Perspectives criminologiques ».

 

Foucault, Michel (1975). Surveiller et punir : Naissance de la prison. Paris : Gallimard.

 

Goudaillier, Jean-Pierre (1998). Comment tu tchatches !. Paris : Maisonneuve et Larose.

 

Marchetti, Anne-Marie (1997). Pauvretés en prison. Ramonville Saint-Agne : Erès, Coll. « Trajets ».

 

Petit, Jacques-Guy, Faugeron, Claude, & Pierre, Michel (2002). Histoire des prisons en France (1789-2000). Paris : Privat.

 

Rostaing, Corinne (1997). La relation carcérale. Identités et rapports sociaux dans les prisons de femmes. Paris : Presses Universitaires de France.

 

Ștefan, Bruno (2006). Mediul penitenciar românesc. IaÈ™i : Institutul European.

 

Ștefan, Bruno (2015). « Limbajul carceral ». Probation Junior, 5 (2). URL : <http://nbn-resolving.de/urn:nbn:de:0168-ssoar-53855-2>, pp. 157-171.

 

Å»ywucka KozÅ‚owska, Elżbieta (2014). « La specificità della comunicazione linguistica nelle condizioni dell’isolamento carcerario ». Economia e Diritto, no 7. URL : <http://www.economiaediritto.it/la-specificita-della-comunicazione-linguistica-nelle-condizioni-dellisolamento-carcerario/>.

 

Calendrier :


- 30 avril 2019 : envoi des propositions


- 30 mai 2019 : évaluation des propositions et notification des auteurs


- 15 septembre 2019 : envoi des articles


- 31 octobre 2019 : délai pour l’achèvement des articles ayant eu besoin de modifications


- 15 décembre 2019 : publication en ligne de la revue

 

Consignes pour les propositions :


- Nom et prénom de l’auteur


- Affiliation (université / institution, faculté, département, équipe de recherche, etc.)


- Titre de la proposition


- Résumé (200-250 mots)


- 3-5 mots-clés


- Bibliographie minimale (5 titres)

 

Contacts pour l’envoi des propositions :

 

Anda Rădulescu, Responsable du numéro (pour les propositions en français) : andaradul@gmail.com

 

LaurenÅ£iu Bălă (pour les propositions en roumain, italien, espagnol, anglais) :  lbala@central.ucv.ro 

 

Page web de la revue : <http://cis01.central.ucv.ro/litere/argotica/Argotica_Fr.html>

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